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DE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME

plate et s’efforcera, par des glacis et des hachures, de faire vibrer sa couleur.

Mais bientôt, l’initié, mieux renseigné sur les ressources que la science offre aux coloristes, dépassera l’initiateur.

5. En 1825, encore tout ému de cette révélation, écœuré par la peinture insignifiante et veule des peintres alors à la mode en France, Regnault, Girodet, Gérard, Guérin, Lethière, tristes élèves de David, que l’on préférait à Prud’hon et à Gros, Delacroix se décide à aller à Londres, étudier les maîtres coloristes anglais dont ses amis, les frères Fielding et Bonington, lui ont fait tant d’enthousiastes éloges. Il revient émerveillé de la splendeur, par lui insoupçonnée, de Turner, de Wilkie, de Lawrence, de Constable et met immédiatement à profit leur enseignement.

À Constable, nous l’avons dit, il devra de haïr la teinte plate et de peindre par hachures ; son amour de la couleur intense et pure sera surexcité par les tableaux de Turner, déjà libre de toute entrave. L’inoubliable souvenir de ces étranges et féeriques colorations l’aiguillonnera jusqu’à son dernier jour.

Théophile Silvestre (les Artistes français) signale l’analogie de ces deux génies frères et leur commun essor :

« Nous trouvions en les regardant un grand rapport, à certains