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APPORT DE DELACROIX

Et en 1847, l’année où, pour la troisième fois, il retouche son Massacre, il écrit cette note que nous avons déjà citée, mais que nous ne craignons pas de répéter, car elle le montre préoccupé, dès cette époque, d’une des parties les plus importantes de la future technique des néo-impressionnistes : la dégradation infinie des éléments.

« Constable dit que la supériorité des verts de ses prairies tient à ce qu’il était composé d’une multitude de verts différents. Ce qui donne le défaut d’intensité et de vie à la verdure du commun des paysagistes, c’est qu’ils la font ordinairement d’une teinte uniforme. Ce qu’il dit ici du vert des prairies peut s’appliquer à tous les tons. »

Et, au déclin de sa vie, Delacroix ne renie pas l’enthousiasme de sa jeunesse.

En 1850, il écrit à Th. Silvestre :

« Constable, homme admirable, est une des gloires anglaises. Je vous en ai déjà parlé et de l’impression qu’il m’avait produite au moment où je peignais le Massacre de Scio. Lui et Turner sont de véritables réformateurs. Notre école qui abonde maintenant en hommes de talent dans ce genre a grandement profité de leur exemple. Géricault était revenu tout étourdi de l’un des grands paysages qu’il nous avait envoyés. »

Il est donc bien certain que c’est par Constable que Delacroix fut initié aux bénéfices de la dégradation. Il vit tout de suite les avantages considérables qu’il pouvait en tirer. Dès ce moment, il bannira toute teinte