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APPORT DE DELACROIX

7. Il se rend compte que la connaissance des règles précises qui régissent l’harmonie des couleurs, et dont il retrouve l’application chez les maîtres coloristes et dans la décoration orientale, lui sera d’un grand secours. Il a surpris dans la nature les jeux fugaces des complémentaires et veut connaître les lois qui les dirigent. Il se met à étudier la théorie scientifique des couleurs, les réactions des contrastes successifs et simultanés. Et, bénéfice de ces études, il objectivera sur sa toile les contrastes, et il usera du mélange optique.

8. Faisant ainsi son profit de tout, s’annexant les découvertes des uns, les procédés des autres, — et ces acquisitions, loin de diminuer son individualité, lui conféreront une vigueur croissante, — Delacroix aura à sa disposition le plus riche répertoire chromatique qu’ait jamais eu aucun peintre.

Quel chemin parcouru depuis son premier tableau, Dante et Virgile, dont la couleur peut nous sembler sage et presque terne, mais qui cependant parut d’abord d’une audace révolutionnaire ! M. Thiers, un des rares critiques qui aient défendu cette toile exposée au Salon de 1822, ne peut s’empêcher de la trouver « un peu crue ».

Le Massacre de Scio, conçu sous l’impression des Pestiférés de Jaffa, de Gros, et dont la couleur bénéficie de l’influence de Constable, est un tel progrès et marque