Page:Signac - D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme, 1911.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
DE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME

si catégoriquement la rupture complète de Delacroix avec toute convention officielle et toute méthode académique, que ses défenseurs de la première heure l’abandonnent. Gérard déclare : « C’est un homme qui court sur les toits » ; M. Thiers s’effraye et blâme tant d’audace, et Gros dit :

« Le Massacre de Scio, c’est le massacre de la peinture. »

Alors il met sa science incomparable au service de sa fougue et de sa crânerie et se crée une technique toute de méthode, de combinaison, de logique et de parti pris, qui exalte son génie passionné au lieu de le refroidir.

9. Cette connaissance de la théorie scientifique de la couleur lui sert d’abord à harmoniser ou à exalter par le contraste deux teintes voisines, à régler d’heureuses rencontres de teintes et de tons, par l’accord des semblables ou l’analogie des contraires. Puis, un progrès en amenant un autre, cette observation continue des jeux de la couleur le conduit à l’emploi du mélange optique et à l’exclusion de toute teinte plate, jugée néfaste. Dès lors, il se garde bien d’étendre sur sa toile une couleur uniforme : il fait vibrer une teinte en y superposant des touches d’une teinte très voisine. Exemple : un rouge sera martelé de touches, soit du même rouge, mais à un ton plus clair ou plus foncé, soit d’un autre rouge, un peu plus chaud — plus orangé — ou un peu plus froid — plus violet.