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APPORT DES NÉO-IMPRESSIONNISTES

réunir, ordonner et développer les recherches de leurs précurseurs. La division, telle qu’ils l’entendent, ne se compose-t-elle pas de ces éléments de l’impressionnisme, amalgamés et systématisés : l’éclat (Claude Monet), le contraste (qu’observe presque toujours Renoir), la facture par petites touches (Cézanne et Camille Pissarro) ? L’exemple de Camille Pissarro, adoptant, en 1886, le procédé des néo-impressionnistes et illustrant de son beau renom le groupe naissant, ne montre-il pas le lien qui les unit à la précédente génération de coloristes ? Sans qu’on puisse noter de changement brusque en ses œuvres, peu à peu, les mélanges grisés disparurent, les réactions furent notées et le maître impressionniste, par simple évolution, devint néo-impressionniste.

Il n’a d’ailleurs pas persisté dans cette voie. Descendant direct de Corot, il ne recherche pas l’éclat par l’opposition, comme Delacroix, mais la douceur par des rapprochements ; il se gardera bien de juxtaposer deux teintes éloignées pour obtenir par leur contraste une note vibrante, mais s’évertuera, au contraire, à diminuer la distance de ces deux teintes par l’introduction, dans chacune d’elles, d’éléments intermédiaires, qu’il appelle des passages. Or, la technique néo-impressionniste est basée précisément sur ce contraste, dont il n’éprouve pas le besoin, et sur l’éclatante pureté des teintes, dont son œil souffre. De la division, il n’avait choisi que le procédé, le petit point, dont la raison d’être est juste-