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DE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME

employant des teintes rabattues, il est vrai — sans avoir été influencé par les impressionnistes dont, à cette époque, il ignorait même l’existence.

Paul Signac, au contraire, dès ses premières études, en 1883, subit l’influence de Monet, de Pissarro, de Renoir et de Guillaumin. Il ne fréquenta aucun atelier et c’est en travaillant d’après nature qu’il surprit les jeux harmonieux du contraste simultané. Puis, en étudiant admirativement les œuvres des maîtres impressionnistes, il crut y constater l’emploi d’une technique scientifique : il lui sembla que les éléments multicolores, dont le mélange optique reconstitue les teintes dans leurs tableaux, étaient séparés méthodiquement, et que ces rouges, ces jaunes, ces violets, ces bleus, ces verts étaient assemblés d’après des règles catégoriques ; les effets du contraste qu’il avait observés dans la nature, mais dont il ignorait les lois, lui parurent appliqués théoriquement par eux.

Quelques lignes de l’Art Moderne, de J.-K. Huysinans, dans lesquelles, à propos de Monet et de Pissarro, il est question de couleurs complémentaires, de lumière jaune et d’ombre violette, purent lui laisser supposer que les impressionnistes étaient au fait de la science de la couleur. Il attribua la splendeur de leurs œuvres à ce savoir et crut faire acte de disciple zélé en étudiant, dans le livre de Chevreul, les lois si simples du contraste simultané.