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APPORT DES NÉO-IMPRESSIONNISTES

La théorie une fois connue, il put objectiver exactement les contrastes, que jusqu’alors il n’avait notés qu’empiriquement et avec plus ou moins de justesse, au hasard de la sensation.

Chaque couleur locale fut auréolée de sa complémentaire authentique, se dégradant sur la couleur limitrophe par des touches balayées dont le jeu mêlait intimement ces deux éléments. Ce procédé pouvait convenir lorsque la couleur locale et la réaction de la couleur voisine étaient de teintes analogues, ou rapprochées, comme par exemple, bleu sur vert, jaune sur rouge, etc., etc. Mais, lorsque ces deux éléments étaient contraires, comme rouge et vert, ou bleu et orangé, ils fusionnaient en un mélange pigmentaire, terne et sali. Le dégoût de ces souillures l’amena fatalement et progressivement à la séparation des éléments en touches nettes, c’est-à-dire au mélange optique, qui, seul, peut permettre de dégrader l’une sur l’autre deux couleurs contraires sans que la pureté en soit ternie. Et il arriva ainsi au contraste simultané et au mélange optique par des voies toutes différentes de celles qu’avait suivies Seurat.

En 1884, à la lre exposition du groupe des Artistes Indépendants, au baraquement des Tuileries, Seurat et Signac, qui ne se connaissaient pas, se rencontrèrent. Seurat exposait sa Baignade, refusée au Salon de cette même année. Ce tableau était peint à grandes touches plates, balayées les unes sur les autres et issues d’une