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DE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME

9. La vérité est qu’il y a autant de divergences entre les néo-impressionnistes qu’entre les divers impressionnistes, par exemple. Qu’un néo-impressionniste fasse tel ou tel sacrifice d’éléments dans le sens de son œuvre (selon que celle-ci offrira plus d’intérêt par les contrastes lumineux que par la recherche des couleurs locales, ou inversement), sa personnalité, s’il en a une, aura là un prétexte — parmi cent autres que nous citerions — de se traduire en sa franchise la plus aiguë.

Une technique qui a donné les grandes compositions synthétiques de Georges Seurat, les portraits gracieux ou puissants de Van Rysselberghe, les toiles ornementales de Van de Velde ; qui a permis d’exprimer : à Maximilien Luce, la rue, le peuple, le travail ; à Cross, le rythme des gestes en d’harmonieux décors ; à Charles Angrand, la vie des champs ; à Petitjean, les graciles nudités des nymphes ; qui a pu s’assouplir à ces tempéraments si distincts, et produire des œuvres si variées, peut-elle, sans mauvaise foi ou ignorance, être accusée d’annihiler la personnalité de ceux qui l’adoptent ?

La discipline de la division ne leur a pas été plus dure qu’au poète celle du rythme. Loin de nuire à leur inspiration, elle a contribué à donner à leurs ouvrages une tenue sévère et poétique, hors du trompe-l’œil et de l’anecdote.

Delacroix pensait aussi que la contrainte d’une