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LA TOUCHE DIVISÉE

divisée, n’est-il pas bien en rapport avec l’esthétique claire et méthodique des peintres qui l’emploient ?

3. La touche en virgule des impressionnistes joue, en certains cas, le rôle expressif de la hachure de Delacroix, par exemple lorsqu’elle imite la forme d’un objet — feuille, vague, brin d’herbe, etc. ; — mais, d’autres fois, comme la touche divisée des néo-impressionnistes elle ne représente que les éléments colorés, séparés et juxtaposés, reconstituables par le mélange optique. Il est clair, en effet, que, lorsque l’impressionniste veut peindre des objets d’apparence unie et plate — ciel bleu, linge blanc, papier monochrome, nu, etc. — et qu’il les traduit par des virgules multicolores, le rôle de ces touches ne s’explique que par le besoin d’orner les surfaces en y multipliant les éléments colorés, sans souci aucun de copier la nature. La virgule impressionniste est donc la transition de la hachure de Delacroix à la touche divisée des néo-impressionnistes — puisque, selon les circonstances, elle joue le rôle de l’une ou de l’autre de ces factures.

De même, la touche de Cézanne est le trait d’union entre les modes d’exécution des impressionnistes et des néo-impressionnistes. Le principe — commun, mais appliqué différemment — du mélange optique unit ces trois générations de coloristes qui recherchent les uns et les autres, par des techniques similaires, la lumière,