Page:Signoret - Daphné, 1894.djvu/62

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Sa chair calma mes yeux comme ces fraîches lunes
Qui passent sur les fleurs, les lacs et les rochers,
Quand un vorace ciel a fait les vierges brunes :
Les fleurs, les rocs suants, sous leur flamme, ont séché.

On frissonne à la paix des lunes glorieuses
Comme en entrant au froid des sources, pour le bain !
— Elle forma douze couronnes, de ses mains
Où présidaient les lys et les roses rieuses ;

Elle posa douze couronnes sur mon front,
Me pressa douze fois de sa bouche farouche,
Puis elle disparut comme un soleil se couche,
Comme meurt l’or grondant des vivaces clairons.


Maintenant, j’étais seul sous l’horreur verdoyante
Des feuillages s’épaississant vers l’horizon.
Et pour multiplier son image fuyante
Les nigelles d’argent miroitaient aux gazons !

Les sources prolongeaient leur bucolique orage,
Comme un éclair, la voix des rossignols brillait :