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Page:Signoret - Le Livre de l’amitié, 1891.djvu/56

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I

Lorsque j’entends un chœur sous les nefs d’une église,
Quand l’opéra bruyant m’ensorcèle et me grise ;
Quand, brodant sa dentelle une fille à l’œil clair,
Assise à sa croisée y gazouille un vieil air,
Je pense à Mirzaël, à ses chansons gentilles :
Joyeux frissons, soupirs mielleux, essor de trilles.
La musique des flots, la musique des bois,
La musique du cœur s’unissaient dans sa voix !
Grâce à lui, chaque mot prenait une existence.
Sa jeune âme emplissait, vivifiait la stance.
À force d’être vrai, c’était sublime ; et lui
Dédiait ce triomphe au poète ébloui !
Être artistes tous deux et s’aimer de la sorte !
Tandis que son refrain m’obsède, me transporte
En songe, il récitait mes derniers vers, vibrant,
Il rêvait de Musset, — moi, de la Malibran.