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Contes grassouillets.

— Et moi, je vous dis, monsieur Cabat, que je l’ai vainement cherché depuis hier et que vous l’aurez perdu ailleurs.

— Un entonnoir que j’avais fait faire exprès pour mes coupages et qui m’avait coûté, s’il vous plaît, sept francs huit sous !

— Possible, mais j’ai tout remué sous la bâche sans pouvoir mettre la main dessus. Il aura glissé pendant le voyage.

— Nom de Dieu ! nom de Dieu ! dit M. Cabat en jurant comme un grossier homme qu’il était et en frappant ses poings sur ses cuisses.

Vous avez deviné, n’est-ce pas, mes petits malins bien-aimés, que maître Corbal était le conducteur de la diligence où venait de monter le jeune ménage Bardane, et que ce dialogue avait lieu précisément au moment du départ. Quant à M. Cabat, il est juste que je vous le présente. C’était un marchand de vin de l’endroit, et vous jugerez tout de suite de son ennui. L’entonnoir qu’il avait égaré la veille sur le véhicule était destiné, par lui, à augmenter la générosité de ses liquides par de rapides