Page:Silvestre - Contes grassouillets, 1883.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
Mariage de raison.

additions d’eau de pluie ; car il ne convient pas que le campêche meure sans baptême. Expressément commandé pour ce philanthropique usage, ce phénoménal entonnoir était épais de vingt millimètres et avait, à l’embouchure, soixante centimètres de diamètre, de sorte qu’il contenait facilement six litres, ce qui était une économie de temps pour le laborieux Cabat. Celui-ci avait pris pour devise : Labor improbus !

Maintenant, ce que vous n’avez certainement pas deviné, malgré l’acuité extraordinaire de votre imagination, c’est ce qu’était devenu cet objet précieux. À moi donc de vous le dire. Maître Corbal était juché sur le sommet de la diligence, assis, pour conduire, dans un siège bien bourré de paille fraîche, comme cela a lieu encore dans les pays où ces antiques voitures sont en honneur. Or, l’entonnoir de M. Cabat ayant été posé, par mégarde, sur ce fauteuil sommaire, au moment où le robuste cocher y prenait place, celui-ci, en s’asseyant, l’avait enfoncé dans la paille, où personne n’avait pensé à le chercher ; si bien que, depuis