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Contes grassouillets.

ser à celui des cygnes, ses seins dont la double fleur rappelait celles des cimes, sa taille souple aux rondeurs flexibles, l’harmonieux dessin de ses hanches s’élargissant comme au ventre d’une amphore, la longueur de ses jambes superbes s’effilant, sans le moindre nœud musculaire, vers des pieds semblables à deux lys renversés, ses mains étroites dont les petits ongles étaient des bijoux d’agate rose. J’oubliais sa voix musicale et profonde, et qu’on ne pouvait entendre sans en être troublé comme par le murmure lointain de la mer montante.

Elle avait vingt ans et un époux qui en comptait, pour le moins, cinquante, mais était un fort illustre savant. Peu d’astronomes possédaient, en ce temps-là, une renommée égale à celle de Cristofo di Luna, et c’était justice. Car avec d’ingénieux instruments qu’il construisait lui-même, après les avoir laborieusement inventés, il fouillait, sans relâche, l’immensité sidérale et lui arrachait, bon an, mal an, une centaine de secrets par douze mois, ce qui est joliment honorable. C’était, d’ailleurs, autant d’heures qu’il passait à ne se point regarder