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Contes grassouillets.

Villiers parle encore avec attendrissement. À ce moment, moment psychologique s’il en fut jamais, l’oncle Gentil-Bodet fit un signe, un grand recueillement descendit sur les convives, et le secret du voyage à Paris fut révélé à tous par l’apparition d’un cône mi-rose-tendre, mi-jaune-clair, luisant au sommet, fondant à la base :

Conticuere omnes intentique ora tenebant,


comme dit le poète latin. Ce cône était une bombe framboise et vanille, une bombe glacée, une bombe de chez Imoda que, par mille procédés ingénieux, M. Gentil-Bodet était parvenu à rapporter intacte dans sa savoureuse et polaire intégrité.

Un murmure d’admiration la salua ; puis un souffle d’incrédulité passa sur les fronts. Il fallut que M. Gentil-Bodet y goûtât le premier devant tout le monde. Après seulement, les assiettes se tendirent, les dents claquèrent aux premières bouchées et les dames poussèrent de petits cris. Mlle Adolphine, très émue par l’approche du tête-à-tête conjugal, s’en