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Contes grassouillets.

seulement. Le reste, celle qui descend vers Bayonne, à travers les pays d’Albret et de Gabarda, est, au contraire, particulièrement riante, et je ne sais rien de plus beau sur notre terre de France. Le hasard, qui fut toujours l’unique guide de mes voyages, m’amena, il y a quelques années de cela, dans une petite ville, nommée Tartas, laquelle est, s’il m’en souvient de l’arrondissement de Dax, et j’en ai gardé le souvenir d’un des plus admirables paysages qu’il m’ait été donné de voir, paysage animé d’ailleurs par une race d’une beauté singulière. Là, je passai quinze jours dans une maison dont un alcade se fût contenté, à Fontarabie même, vieille, gothique, pleine de caractère, en bois sculpté et ornée de meubles séculaires. Le balcon de ma chambre donnait sur l’Adour, et, chaque soir, je voyais de jolies filles descendre vers la rivière, dépouiller un à un leurs vêtements sur le bord, puis, comme autrefois Nausicaa et ses compagnes, se livrer dans l’eau à mille jeux nautiques accompagnés de chansons joyeuses. Mais je me gardai bien de me montrer comme Ulysse,