Page:Silvestre - Contes grassouillets, 1883.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
174
Contes grassouillets.

pas horreur). Justin n’avait plus qu’à acheter son légendaire cadeau et à l’offrir à sa fiancée. Tout le monde, connaissant son caractère vaniteux, pensait bien qu’il irait, dans son choix, plutôt au delà qu’en deçà de ce qui serait juste et ferait, comme on dit, les choses mieux qu’il ne faut. Et, de fait, il s’en fut acquérir son étui de mariage dans la boutique la mieux achalandée du pays. Mais ce n’était pas pour cela qu’il y allait, c’était bien plutôt parce que le marchand avait épousé une ancienne à lui, une ancienne qui l’aimait encore et qui enragerait diablement d’être obligée de lui fournir de quoi séduire définitivement sa fiancée. Allons ! maître Justin, vous étiez encore plus sot que je ne l’ai dit.

La pauvre ancienne fut d’une colère épouvantable, mais elle n’en fit rien voir et dissimula sa fureur sous un gracieux sourire. Quant à l’infortuné marchand qui ne savait rien, il fit les honneurs de ses rayons avec une bonne grâce empressée et tout à fait ridicule. Justin choisit ce qu’il y avait de plus beau, un vrai petit obélisque. Or, comme elle s’apprê-