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Contes grassouillets.

c’est-à-dire, je l’espère bien, jusqu’à la consommation des siècles. Vous savez tous l’histoire du carabinier à confesse. « Je m’accuse, mon père, venait-il de dire, d’avoir manqué au saint devoir de chasteté. — Combien de fois, mon fils ? poursuivit le prêtre. — Monsieur le curé, répliqua le militaire avec une dignité blessée, je suis ici pour m’humilier et non pour me vanter. » Les causeurs dont je parle n’avaient pas la pudeur exquise du carabinier. Ils se vantaient à tire-larigot, franchement, impudemment. Ils en étaient au chapitre des menues hontes auxquelles sont condamnés ceux qui trompent des maris ou des amants, hontes glorieuses pour les fats. Celui-ci avouait avec fierté qu’il avait dû se cacher dans une horloge et imiter avec la bouche le bruit du ressort qu’il venait de casser ; celui-là, qu’il avait été contraint de se blottir sous le lit pour aboyer, afin de faire croire à la présence du chien familier ; un autre qu’il avait passé tout une nuit d’hiver sur un balcon ; un autre encore, qu’il s’était réfugié sous une douche dont le ressort avait joué, le calmant par une soudaine inondation.