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Contes grassouillets.

— J’ai trouvé, lui dit-elle, le moyen de faire la chose décemment. Allez chercher le jeu des ancêtres.

Le marquis obéit. Il était stupide, mais bon enfant. Pendant ce temps-là, Hildegarde s’était déshabillée et mise au lit, sur le ventre, dans sa chambre. Après quoi sa mère, soulevant d’une main sa chemise et reculant de l’autre les draps, juste assez pour que la tranche de faux-filet virginal nécessaire à l’opération fût à nu, commença d’y disposer, en rang serré, les figures du fameux jeu de cartes, de façon qu’elles ne laissassent plus apercevoir la moindre bande de peau. Elle pensait, la châtelaine, que cet imposant spectacle, que ce musée nobiliaire en imposerait au mécréant et lui interdirait les profanes pensées que n’eût pas manqué d’évoquer le délicieux objet qu’ils cachaient.

Et, de fait, quand le docteur Trousse-Cadet fut introduit, sa flûte à la main, dans le sanctuaire, il demeura ébahi devant cette exhibition de guerriers armoriés, ébahi et l’œil criblé de points d’interrogation. La marquise jouit un