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Noblesse oblige.

instant de son triomphe, puis, prenant pitié de l’embarras du pauvre diable :

— Soulevez l’aïeul Cucu, lui dit-elle avec solennité.

Mais au moment où il s’avançait, une main en l’air pour obéir et braquant de l’autre son arquebuse :

— Ne touchez pas à mon aïeul ! dit, d’une voix sévère et sans se retourner, la charmante Hildegarde.

Et, au même instant, comme soulevé par une main invisible ou par un fil mystérieux, l’aïeul Cucu se dressa, de lui-même, lentement et se renversa juste autant qu’il était nécessaire, tandis qu’une délicieuse musique, pareille au soupir lointain d’un orgue, s’exhalait de dessous et qu’un parfum exquis s’en dégageait, comme lorsqu’on enlève le couvercle d’une soupière.

Le docteur saisit ce moment avec infiniment d’à-propos, c’est-à-dire avant que la carte fût retombée. Quant au marquis Thomas, arrivé juste à temps pour assister à ce miracle, il proclama que, dans cette circonstance, c’était