Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/159

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Une immense chambre gothique, – un beau lit de bois sculpté si large que six dormeurs de front y seraient à l’aise ; une lampe pendue à la poutre transversale richement coloriée et baignant la pièce d’une discrète et voluptueuse lumière ; au dehors, visible à travers les vitraux qu’elle argente, la lune étendant une nappe blanche sur le paysage comme pour l’invisible souper des esprits. Isabeau a revêtu sa plus galante toilette, j’entends celle qui lui pèse le moins aux épaules et dont ses bijoux composent la plus grande partie. Elle attend fiévreuse. Elle attend le bien-aimé. Car voilà deux semaines passées qu’elle a droit aux légitimes gaietés du mariage, et n’en a pas encore reçu le plus petit mot pour rire. Je veux bien que monsieur se prépare solennellement à une entrevue aussi solennelle, mais les convenances ont un terme et il est minuit ! Isabeau s’impatiente et appelle Guillemette, sa servante fidèle. « Allez dire à mon noble époux qu’il