Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/160

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peut venir. » Guillemette revient et avoue à sa maîtresse stupéfaite que le noble époux dormait à poings fermés dans un autre coin de la maison et l’avait très malhonnêtement reçue. – « Par Notre-Dame d’Embrun ! (Isabeau savait les jurons à la mode), nous allons bien voir ! » Et furieuse, ayant ajouté un bougeoir allumé à son nocturne accoutrement, la Maudorée, précédée de Guillemette, se précipita dans la chambre où Bignolet ronflait cyniquement.

– Que veux dire cela, monsieur mon époux ? lui dit-elle les dents serrées par la colère et en le secouant comme un panier de noix.

– Quoi donc, mon amour ? répondit onctueusement le jeune archer.

– Seriez-vous donc dans le cas où se mit le pieux Origène pour mieux fuir la tentation ?

Bignolet protesta par un immense éclat de rire.

– Seriez-vous atteint, d’aventure, de quelque malhonnête indisposition qui rendit déplaisante votre compagnie ?

Bignolet hocha la tête d’un air de satisfaction.