Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/166

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vous soyez, ne me pleurez pas ! Je vous trompais abominablement. Et avec qui, Seigneur ? Avec votre meilleur ami, avec l’indigne compagnon de votre enfance. D’ailleurs, lui aussi, Papoul, comprend l’horreur de sa conduite et succombe au remords. La résolution que je vous annonce, nous l’avons prise en commun. Elle vous délivrera à la fois d’une épouse adultère et d’un faux camarade. Notre vie, à tous trois, était cependant bien douce ; et je me demandais quelquefois comment le crime peut ainsi goûter les sérénités de l’innocence ! Vous étiez aveugle, Bergace, autant qu’on le puisse désirer, et nous nous aimions, Papoul et moi, plus qu’on ne le rêvera jamais, O conscience, pourquoi as-tu élevé la voix dans notre délicieux bonheur ?... Enfin ! notre parti est pris. Papoul et moi, nous mourrons ensemble, et vous, Bergace, vous vous consolerez. Si jamais vous retrouvez nos tristes dépouilles, ne nous séparez pas dans le tombeau. Adieu, le meilleur des maris ! Je vous quitte à regret. Mais Papoul me prie de lui laisser un peu de place pour vous envoyer le suprême bonjour.

« Celle qui préfère le trépas à la trahison,

» MICHELINE. »