Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/241

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éblouissement, un poème de chair, l’immédiate damnation. Telle était la future du prince Ladislas, bien que les choses fussent moins avancées que ne l’avait dit celui-ci. Autour d’elle un cénacle de femmes dont la moindre eût mérité qu’on brûlât Ilion pour elle et qu’on décapitât une douzaine de Saint Jean-Baptiste. Un bourdonnement de ruche humaine sur ce bouquet, tous les compliments bavards d’un monde de désœuvrés vêtus le plus galamment du monde. Ajoutez à cette scène un décor vraiment somptueux, le luxe que comporte une fortune sans égale. Le dernier des domestiques qui circulaient, enrégimentés par un majordome stratégiste, était plus galonné que dix maréchaux de France.

Tout en étouffant sous sa peau d’ours, le juif Mathias était dans un indescriptible enchantement. Son entrée au bout de la chaîne de fer que tenait, par l’autre bout, le prince Ladislas, avait été le grand succès de la soirée. Le prince qui avait le genre d’esprit dénommé « bagout » dans les sociétés où Rivarot eût passé pour une bête, fit un boniment de saltimbanque qui fut jugé fort comique. La comtesse Keskipruth en devint, sur le coup, sérieusement amoureuse.