Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/242

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Tout à coup, les premières mesures d’une redowa ayant résonné, le prince s’élança vers la comtesse ; mais ce ne fut pas sans avoir au préalable solidement enchaîné son ours après une des massives colonnes qui soutenaient le plafond de la grande salle, précaution qui redoubla l’hilarité de l’assistance. Alors commença pour Mathias une série d’épreuves nouvelles, tous les gens qui ne dansaient pas venant le taquiner, le caresser, lui débiter mille sottises, le tirer doucement par les oreilles. Soudain, le faux ours se mit à se tordre dans d’épouvantables convulsions, secouant désespérément sa chaîne et tirant sur ses liens, sans les pouvoir rompre, pour se rouler à terre comme font les gens qui souffrent du ventre. En même temps, le cercle qui l’entourait s’élargit subitement et tous ceux qui le formaient de s’enfuir en se bouchant le nez avec des grimaces de la plus vive indignation.

Le petit verre que l’infâme Ladislas avait offert à son créancier, au moment du départ, était un purgatif foudroyant.

Bah ! Il faut bien rire !