Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/87

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elle ne s’est permis de me tirer des coups de fusil où tu sais.

- Non ! mon ami, pour rien au monde je ne paraîtrais devant une châtelaine dans l’état où je suis.

- Eh bien ! nous allons arranger ça.

- Comment ?

- Tu es de ma taille et à fort peu près de ma « corporation » comme dit M. Schumann, mon tailleur. Tu te rappelles bien d’ailleurs qu’au régiment nous nous sommes souvent prêté nos uniformes.

- Après ?

- Nous ferons comme au régiment. Nous rentrerons sans bruit : Je te conduirai silencieusement dans ma chambre, sans prévenir la baronne de ton arrivée. Tu y trouveras de quoi changer de linge et tu revêtiras un de mes complets. Pendant ce temps, je donnerai un coup d’oeil au chenil. Puis je viendrai te reprendre. Tu seras tout battant neuf et mis comme un marguillier. Je te présenterai à la baronne qui ne reconnaîtra pas mes habits sur ton dos, et tout se sera passé, comme à la cour d’Espagne, dans toutes les rigueurs de l’étiquette.