Page:Silvestre - Histoires gaies, 1895.djvu/108

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l’infidélité de ta femme, et toutes les certitudes psychologiques du monde, tu ne peux la poursuivre devant la loi, pour t’en séparer, qu’à la condition d’avoir fait constater par le cadi, c’est-à-dire moi et deux témoins patentés, qu’un autre homme que toi est dans ton lit. Or, ma fille est très fine et ne te donnera pas facilement cette dernière consolation. Moi-même, je t’en préviens, je ne mettrai aucun empressement à venir publiquement déshonorer ma race, outre que cette adorable créature me retomberait sur les bras, si tu la quittais jamais. L’acte que tu vas faire, aussi bien que ses conséquences, sera donc vraisemblablement irrévocable.

— Je l’entends bien ainsi, mon cher Zutapapa. Croyez bien que je ne me marie pas pour me remettre à courir le guilledou, comme les pauvres célibataires.

— Prends-la donc, mon fils. C’est un trésor que je te donne. Car, à ces menus inconvénients près, auxquels nous ajouterons un caractère acariâtre, c’est une personne à peu près parfaite. Une taille ! des hanches ! une gorge !… Il n’est pas de bon goût de vanter sa propre marchandise ; mais, au point de vue plastique,