Page:Silvestre - Histoires gaies, 1895.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’est ce que j’ai fait de mieux, et mes plus beaux arrêts eux-mêmes ne valent pas qu’on les cite à côté.

— Aussi n’ai-je pas l’intention de vous demander à coucher avec eux. C’est chose faite, alors, monsieur le cadi ?

— Certainement ; d’autant que je suis heureux d’avoir pour gendre un garçon qui paraît avoir la plus grande confiance dans ma sagesse.

Elle était fort belle, en effet, cette Fatma. Mon ami, l’excellent peintre lillois, Louis Shoutteten, en possède un portrait par Henri Regnault, une merveille. Une chair où les divines chaleurs du sang couraient en coulées d’ambre, une chevelure noire avec des reflets de lapis, des yeux sombres et toujours voluptueusement bistrés, une bouche ardente sans cesse entr’ouverte, comme une grenade, sur d’étincelantes blancheurs, un corps onduleux comme la vague, tout ce qui attire en un mot, tout ce qui charme les sens, tout ce qui rouvre, sans trêve, l’aile lassée du désir. Mohamet-Soulafé-Sélim n’avait pas été un fat en donnant, par avance, à son beau-père, une opinion avantageuse de ses moyens personnels. Mais son beau-père, non plus,