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Page:Silvestre - Le Conte de l’Archer, 1883.djvu/204

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Chroniques du Temps passé.

avait failli demeurer sur le carreau, ce qui lui valut mainte félicitation. Ainsi semble-t-il parfois que le hasard agite nos destins comme le fait un fou sa marotte, sans que notre volonté et la logique des choses entrent pour rien dans ce qui se passe en effet.

— Voilà une sotte réflexion, dit maître Guillaume. Je crois, Dieu me damne, que ce frocard est jaloux des exploits de mon fils, car il ne manque jamais de les rabaisser par la façon dont il les présente. J’estime, moi, que dans cette occurrence notre Tristan savait fort bien ce qu’il faisait. Il y a fait preuve d’une de ces qualités maîtresses qui font les vrais hommes de guerre : l’impassibilité dans le péril. Allez, allez ! ma mie Mathurine, nous allons certainement apprendre encore quelque haut fait de ce garçon. Mais plutôt, laissez-moi reprendre moi-même la lecture de la lettre de ce grand sot de moine moinillant.

Et le tanneur reprit comme il l’avait dit :

« Telles sont les seules actions d’éclat que nous ayons eu l’occasion d’accomplir. Je dis « nous », car je ne quitte guère votre fils que j’aime vraiment comme s’il était mien. Si j’en omets une, c’est qu’il ne fut pas donné à Tristan de l’accomplir seul jusqu’au bout, un grand diable de rufian