Page:Silvestre - Le Conte de l’Archer, 1883.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
Le Conte de l’Archer.

qu’elle parvint jusqu’aux oreilles de dame Marie d’Anjou, mère du roi très chrétien Louis le Onzième, laquelle habitait, en ce temps-là, comme vous ne pouvez l’ignorer, la bonne ville de Chinon.

Car vous ne pouvez manquer de savoir que ce prince très dévot avait une façon à lui d’aimer sa famille. Ce n’était pas un de ces fils empressés qui éprouvent le besoin de couvrir leurs ascendants de caresses. Au temps que son père le roi Charles VII vivait, il s’était retiré soigneusement en Dauphiné, et là passait son temps à lever des troupes pour l’inquiéter et se joindre au besoin à ses ennemis, et ainsi avait pieusement opéré, en héritier qui ne s’endort pas sur ses droits, jusqu’à ce que le digne homme en fût mort de chagrin, à moins toutefois que le poison n’ait hâté ses jours, comme quelques historiens ne manquent pas de le raconter.

Quant à sa mère, à peine avait-il été assis sur le trône lui-même, qu’il avait cherché, en France, une résidence bien lointaine où elle pût vieillir sans l’incommoder, et avait trouvé Chinon comme convenant parfaitement pour cela. Aussi lui avait-il octroyé, dans ce coin de Touraine, un beau palais, gai comme une prison, où l’antique dame