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Le Conte de l’Archer.

fossés toujours pleins d’eau, le dedans était, au contraire, aménagé pour les plaisirs d’une société aimant les muses et ne dédaignant pas l’amour. Tout y gardait l’empreinte des assises joyeuses qu’y avait tenues une femme élégante entourée de galants et de poètes. Tout y redisait le nom de cette charmeresse, les violes encore pendues aux murailles et qui murmuraient des notes d’or au moindre frôlement des tapisseries, les grands coussins brodés qui gémissaient quand de gros lévriers, alourdis par l’âge, venaient s’y étendre comme autrefois, les fenêtres aux vitraux multicolores, moins bien closes et entre lesquelles susurrait le vent du soir, les oiseaux moins nombreux des volières, quand un rayon de soleil leur venait découpé par les angles aux figures grimaçantes des corniches. Tout pleurait l’absente qui avait été la beauté, qui avait été le charme, qui avait été la grâce, qui, mieux que cela, avait été l’honneur !

Ah ! c’était, à vrai dire, par une ironie de la destinée que cette vieille reine était venue s’installer là, dans ces lares profanées, et y parodier tout ce qui s’était fait au beau temps ! Oh ! la triste comédie que celle des fêtes qu’elle y donnait, adulée par quelques courtisans centenaires,