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LES AILES D’OR

Ces arbres jauniront : le flot silencieux
Séchera sous le vent : ici-bas tout s’efface.
Seules, au seuil des ans, demeurent face à face
La beauté de la femme et la clarté des cieux.

Voilà pourquoi, fuyant l’ombre opaque et la source
Qu’un mystère de fleurs cèle aux yeux du soleil,
Les Naïades en chœur ont arrêté leur course
Sur le tertre où parfois descend l’astre vermeil.

Sur l’herbe tiède encor du baiser de l’aurore,
Leur chair vient chastement rayonner à son tour,
Et son éclat, venant après l’éclat du jour,
Illumine les bois, l’air et le flot sonore.

Et, tout à coup, soufflant dans les roseaux tremblants,
À travers les taillis, sur l’onde qui s’enchante,
Du dieu Pan rajeuni l’âme s’éveille et chante
L’immortelle beauté des femmes aux cous blancs.