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Page:Silvestre - Poésies 1866-1872, 1880.djvu/194

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IV



LA lumière qui fuit vers l’horizon plus pur,
Comme une ronce folle aux plis traînants d’un voile,
Se pend au bord des cieux flottants, et chaque étoile
Semble une épine d’or qui déchire l’azur.

Les feuillages aigus que sa robe balaie
Montent au front de Dieu dans l’éther emporté ;
Puis la lune à son flanc ouvre une large plaie
Où la terre, en rêvant, vient boire la clarté.

Car la splendeur des nuits est faite de blessures ;
Leur silence est douleur et non sérénité :
Un Christ inconnu saigne en leur obscurité.

Sur tous, l’ombre et l’amour enlacent des morsures ;
Et chaque souvenir, renaissant et vainqueur,
Semble une épine d’or qui déchire le cœur !