Page:Silvestre - Poésies 1866-1872, 1880.djvu/243

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XIX. Morituri te salutant

 
Ô toi qui me vainquis à la course rapide,
Rivale de Diane, Atalante au pied blanc,
Je reste ton vainqueur sous le couteau sanglant ;
Car ma honte à la Mort porte un cœur intrépide.

Car les dieux ont voulu qu’il naquit de mon sang
L’or cruel du laurier qu’attend ton front limpide,
Et la pourpre qui sur ton épaule descend
Se teint au flanc vermeil qu’ouvre ta main avide.

Qu’Hippomène triomphe et de ton front dompté
Fasse neiger les fleurs de ta virginité.
Mais le mal d’oublier aux vivants est possible,

Vaincu par toi, la Mort va me faire invincible,
Et le fer va clouer mon amour à mon flanc,
Rivale de Diane, Atalante au pied blanc !