Page:Silvestre - Poésies 1866-1872, 1880.djvu/246

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XXII. La Lyre d’Amour

 
J’AIME et je veux chanter, dit le jeune poète :
« Mon cœur souffre le mal de la langueur secrète,
« Des larmes sans regret, des soupirs sans espoir.
« Enfant, donne ce luth. J’aime et je veux savoir
« Si les chants sont l’oubli des amours insensées ! »
— Il disait et déjà, sous ses mains cadencées,
La lyre frémissait ; mais soudain, s’arrêtant :
« Une corde, dit-il, manque à ton luth, enfant ;
« Six n’ont jamais donné qu’une vaine harmonie :
« Il en faut sept. — Eh bien, ô mon pauvre génie,
« Ton luth veut pour vibrer sous les doigts du chanteur,
« La plus saignante fibre arrachée à ton cœur. »