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Page:Silvestre - Poésies 1866-1872, 1880.djvu/292

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XVIII

 
LA fierté de mon être ici gît tout entière :
Mesurant au tombeau l’amour enseveli,
J’ai jugé sa grandeur à peser sa poussière,
Et pour lui ne crains pas l’outrage de l’oubli.

A l’horizon perdu des visions aimées,
Son spectre, chaque jour, se lève grandissant,
Et, comme un soleil rouge au travers des fumées,
Teint ces pâles brouillards du meilleur de mon sang.

En fuyant vers l’azur malgré toi tu l’emportes
Dans le pli virginal de tes voiles sacrés,
Ce sang vermeil et doux des illusions mortes
Dont ma veine a rougi tes beaux pieds adores.

Et je monte, vivant, avec toi sur la cime
Où te suit sans merci mon amour obsesseur,
Palpitant comme toi de ton rêve sublime,
Fille auguste et terrible, ô cruelle ! ô ma sœur !