Page:Silvestre - Poésies 1866-1872, 1880.djvu/293

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Épilogue. LE TESTAMENT.

Du temps et de l’oubli bravant la flétrissure,
J’ai porté mon amour superbe par les cieux ;
Laissant couler mon sang, j’ai caché ma blessure,
Et mon rire navré but les pleurs de mes yeux.

Ne méritant de Toi ni pitié ni colère,
Brisé, mais non vaincu, j’attends l’heur de mourir,
— De ma longue vertu dédaignant le salaire,
Par Toi j’ai tout perdu, fors l’orgueil de souffrir !

Je savais que t’aimer était une œuvre impie
Et j’ai jeté mon être en proie à ta Beauté.
— Jaloux de ma douleur, fier du mal que j’expie,
Je marche, en te chantant, vers l’immortalité.