Page:Silvestre de Sacy - Calila et Dimna, ou Fables de Bidpai, 1816.djvu/48

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leçons de sagesse et de morale, cachées sous les emblèmes des fables.

Ce chapitre lui-même renferme un assez grand nombre d’apologues : il se termine, dans mon édition, comme dans le manuscrit que j’ai suivi, par la table des chapitres. On trouvera la traduction de cette table à la fin de cette Introduction.

Le quatrième chapitre a pour titre : Chapitre de Barzouyèh, composé par Buzurdjmihr, fils de Bakhtégan.

Ce chapitre, dans lequel Barzouyèh est censé rendre compte lui-même de ses premières années, commence ainsi :

« Voici ce que dit Barzouyèh, chef des médecins de la Perse, le même qui fut chargé de prendre une copie de ce livre, et qui le traduisit des livres des Indiens, ainsi qu’il a été dit précédemment : Mon père étoit du nombre des militaires, et ma mère d’une des principales familles des Mages[1]. Je naquis dans une grande aisance : de tous les enfans de mes père et mère, aucun ne leur fut plus cher que moi, et ils prenoient beaucoup plus de soin de moi que de tous mes frères. »

Le goût de Barzouyèh le porta de bonne heure à l’étude de la médecine ; et dès qu’il put exercer cet art, il résolut de s’y livrer tout entier, dans la seule vue de se rendre agréable à Dieu. Aussi ne recevoit-il aucun honoraire des malades auxquels il consacroit ses soins. Il ne portoit envie à aucun des médecins qui, inférieurs à lui en mérite, le surpassoient en richesses et en rang ; et si quelquefois le désir de les supplanter s’élevoit dans son âme, il se réprimandoit lui-même avec force, et rappeloit à sa pensée la vanité de tout ce qui est transitoire et passager. Il s’exhortoit à résister à la séduction des mauvais conseils ou des exemples dangereux de ses camarades et de ses amis. De ces réflexions, Barzouyèh passa à la considération des diverses religions qui partagent les hommes. Les réponses d’aucun de ceux auxquels il s’adressa pour dissiper ses doutes, ne l’ayant satisfait,

  1. Le mot وماومة signifie proprement ceux qui parlent bas, entre les dents, et sans, pour ainsi dire, remuer les lèvres. C’est ce que les Parsis appellent vadj. C’est une pratique caractéristique des disciples de Zoroastre. Voy. Notices et Extraits des manuscrits, tom. X, partie 1re, p. 155.