Page:Silvestre de Sacy - Calila et Dimna, ou Fables de Bidpai, 1816.djvu/52

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noncé Colailah ; mais c’est une faute, et la vraie prononciation est Calila, ainsi qu’il résulte d’un passage de la vie de Timour, tom. II, p. 264 de l’édition de Manger, où ce nom rime avec les adjectifs féminins ڪاياة et جاياة.

De quelques autres Versions Arabes.

J’ai déjà dit que je ne connoissois aucune autre version Arabe du livre de Calila, que celle d’Abd-allah ben-AImokaffa, faite du temps du khalife Mansour. Si l’auteur du Schah-namèh et d’autres écrivains, sans doute d’après lui, ont parlé d’une traduction Arabe de ce même livre, faite sous le règne de Mamoun, comme de la première ou même de la seule qui existe, c’est une erreur évidente. Elle paroît venir de ce qu’un écrivain nommé Sahel ben-Haroun, Persan d’origine, et que d’Herbelot semble avoir confondu avec le vizir Hasan ben-Sahel, composa pour Mamoun, à l’imitation du livre de Calila et Dimna, un ouvrage intitulé Thaléba et Afra[1]. Sahel se conforma en tout, dans cet ouvrage, à la disposition et aux divisions du livre de Calila. Il est fâcheux que cet ouvrage ne nous soit pas parvenu ; il est vraisemblable que nous y trouverions quelques renseignemens sur l’histoire du livre de Calila, et sur les motifs qui avoient déterminé Sahel à composer un nouvel ouvrage sur le même plan. J’ignore si la composition de ce livre est antérieure à l’avénement de Mamoun au khalifat. Mamoun, né en l’année 170, mourut en 218, après vingt-trois ans de règne.

Vers le même temps, le livre de Calila fut mis en vers pour Yahya, fils de Djafar le Barmékide. Hadji Khalfa attribue ce travail à Sahel, fils de Nevbakht ; d’autres l’attribuent à un personnage nommé Abd-alhamid, fils d’Abd-alrahman, ou plutôt Aban, fils d’Abd-alhamid Lahiki. L’ouvrage contenoit en tout quatorze mille vers, composés chacun de deux hémistiches rimant ensemble. L’auteur fut richement récompensé par Yahya et par ses fils, Fadhl et Djafar. Cette partie de l’histoire du livre de Calila est encore fort obscure.

  1. Le titre de cet ouvrage est assez incertain : les divers manuscrits varient beaucoup à cet égard.