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personnages fort haut placés. L’empereur eut aussi l’idée de fabriquer une sorte de billet de banque avec la peau d’un cerf blanc merveilleux qu’il avait eu dans son parc ; tous les nobles et les membres de la famille impériale qui venaient rendre hommage à la cour devaient offrir leurs présents sur un morceau d’un pied carré de cette peau, et, pour se le procurer, ils devaient payer 400,000 pièces CIV-1. Le gouvernement eut recours à des procédés plus habiles, quand il décréta que le fer et le sel seraient un monopole de l’état ; on établit alors dans tout l’empire des intendants du fer et des intendants du sel. Enfin les marchands furent tenus de déclarer leur fortune aux préfets et de payer un tribut de tant pour mille sur leur avoir ; des impôts frappèrent aussi les bateaux et les chars.

Malgré tous ces expédients, le trésor se vidait plus vite qu’il ne se remplissait ; si l’empereur Ou étendit les limites de l’empire, il fallut de longues années pour réparer les pertes pécuniaires qu’il lui fit subir ; ce fut une grandeur chèrement achetée.

Une gloire plus pure fut celle que donna à ce règne la culture des lettres. L’empereur était lui-même très sensible aux charmes de la poésie. Il composa un certain nombre de petites odes dont l’une au moins, la chanson des Rames, est demeurée célèbre : elle exprime avec assez de délicatesse un sentiment de mélancolie épicurienne CIV-2. Une autre de ses poésies nous a été conservée par Se-ma Ts’ien CIV-3 ; elle fut composée en l’an 109


CIV-1. Mémoires historiques, chap. XXX, p. 3 v°. — Ces carrés de peau étaient appelés p’i pi 皮敝 = objets de valeur en peau. Cette dénomination fut, dans la suite, appliquée quelquefois à toute monnaie en général.

CIV-2. On trouvera le texte de cette poésie dans le chapitre CLXXXV du Yuen kien lei han et dans le chapitre XLV du Wen siuen. Elle a été traduite en français par le marquis d’Hervey de Saint-Denys (Poésies de l’époque des Thang, p. LXIX). M. L. Bouilhet en a fait dans ses Dernières chansons une imitation en vers.

CIV-3. Mémoires historiques, chap. XXIX, p. 3 r°. Ce texte se retrouve