Page:Sima qian chavannes memoires historiques v1.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demanderaient les efforts continus de plusieurs générations ; on peut distinguer dans le chapitre du Chou king intitulé le Tribut de Yu une antique géographie à laquelle la légende de ce souverain n’est venue s’immiscer que par superfétation. Yao, Choen et Yu, ces trois augustes fantômes mythologiques, n’ont plus de réalité lorsqu’on cherche à les saisir corps à corps. Les faits véritables n’apparaissent qu’avec la dynastie des Tcheou et le prince qu’elle a dépossédé, le pervers Tcheou-sin, coupable d’avoir trop aimé la belle et cruelle Ta-ki. C’est donc seulement vers la fin du XIIe siècle avant notre ère que nous sentons se raffermir sous nos pas le terrain jusqu’alors incertain où nous avait guidés Se-ma-Ts’ien.

Bien que les généalogies, par lesquelles les savants indigènes ont essayé de donner plus de consistance au récit de leurs origines, n’aient pas un fondement bien solide, Se-ma Ts’ien les reproduit cependant et il importe de déterminer à quelles sources il les a empruntées. Deux écrits paraissent lui avoir fourni le cadre artificiel dans lequel il classe les événements ; ce sont le Che pen ou Origines généalogiques et le Ti hi sing CXLI-1 ou Suite des familles impériales.

Le Che pen CXLI-2 est un livre aujourd’hui perdu ; cependant, grâce aux citations nombreuses qui en ont été faites, on a pu le reconstituer en grande partie ; ce livre devait mentionner la filiation exacte des souverains, leurs noms de famille et leurs noms personnels, les lieux où ils résidèrent et les inventions qui les illustrèrent. La rédaction n’en était pas fort ancienne et on la rapporte communément à la période de Tch’ou et de Han (206-202 av. J.-C.)


CXLI-1. 帝繫姓

CXLI-2. 世本 , Se-ma Ts’ien ne cite pas le titre du Che pen, mais Pan Piao (cf. Appendice II) nous affirme qu’il se servit de cet ouvrage. Pan piao nous dit encore, à propos du Che pen : « En outre, il y avait un livre qui tenait le compte, depuis Hoang-ti jusqu’à la période tch’oen ts’ieou (722-481 av. J.-C), des empereurs, des rois, des ducs, des