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intérèt du moment CLII-1. Leurs raisonnements subtils et leurs combinaisons machiavéliques nous ont été conservés dans un curieux livre intitulé Tchan kouo ts’é CLII-2, c’est-à-dire Conseils des royaumes combattants. Ce titre définitif ne paraît avoir été accepté de tous que depuis Lieou Hiang CLII-3 (36-15 av. J.-C), mais, avant cet éditeur, l’ouvrage existait sous divers noms et Se-ma Ts’ien en a fait largement usage.

Si Se-ma Ts’ien n’avait eu d’autres sources pour écrire l’histoire de la dynastie Tcheou que les livres dont nous venons de parler, il ne nous en donnerait encore qu’une idée bien incomplète. A côté de ces ouvrages que leur forme littéraire avait fait connaître de tous, il devait exister une masse énorme de documents dans les archives des cours féodales ; il semble même que chaque prince ait pris le soin de faire rédiger par des historiographes officiels des annales semblables au Tch’oen ts’ieou du pays de Lou CLII-4. Mais c’est à ce genre d’écrits que l’édit de proscription lancé par Ts’in Che-hoang-ti porta la plus grave atteinte, parce qu’ils rappelaient un


CLII-1. On les appelle souvent 旅士 , les lettrés errants.

CLII-2. 戰國策 .

CLII-3. Lieou Hiang a fixé le nombre des chapitres à 33, après avoir fait une refonte presque complète de l’ouvrage dont toutes les parties étaient mêlées et où on trouvait plusieurs redites. Avant l’édition de Lieou Hiang, on désignait ce livre sous des noms divers : 國策, 國事, 短長 , 事語 , 修書 , etc.

CLII-4. Kouo yu, partie Tsin yu, chap. VII, dernière phrase : Yang-ché Hi fut nommé précepteur de l’héritier présomptif Piao, à cause de sa connaissance du Tch’oen ts’ieou. Piao, qui fut le duc P’ing, commença à régner en 557 avant J.-C. ; ce texte prouve donc qu’avant même la naissance de Confucius il y avait dans le pays de Tsin des Annales appelées Tch’oen ts’ieou. — Le Kouo yu, partie Tch’ou yu, chap. I, nous révèle aussi l’existence d’un Tch’oen ts’ieou dans le pays de Tch’ou, — Enfin le philosophe Mé-tse se vantait d’avoir vu les Tch’oen ts’ieou de 100 royaumes (ce passage est cité dans les fragments placés à la fin de ses oeuvres).