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à leurs plus proches parents le titre de roi et l’autorité sur un pays étendu CLXI-1. Toutes les fois que Se-ma Ts’ien rencontre quelque poésie composée dans une circonstance célèbre, il ne manque pas de la noter : lorsque le roi de Tch’ou, Hiang Yu,se voit cerné par les troupes du roi de Han et qu’il a perdu tout espoir, il déplore son sort et celui des deux êtres qu’il aime le plus au monde, son cheval Tchoei et sa favorite Yu CLXI-2 :

« Ma force déracinait les montagnes, mon énergie dominait le monde ;
« Les temps ne me sont plus favorables ; Tchoei ne court plus ;
« Si Tchoei ne court plus, que puis-je faire ?
« Yu ! Yu ! qu’allez-vous devenir ? »

L’empereur Kao-tsou, visitant, vers la fin de sa vie, le village où il est né, se sent pris d’une profonde mélancolie : le souvenir de son humble origine lui rappelle dans quelles circonstances difficiles il a fondé la dynastie des Han et lui fait craindre qu’elle ait de la peine à se maintenir; il exprime ses sentiments dans les vers suivants CLXI-3 :

« Un grand vent soufflait ; les nuages s’élevaient en volant ;
« Mon prestige s’est imposé dans l’intérieur des mers ; me voici revenu dans ma terre natale ;
« Comment trouver des hommes vaillants pour garder les quatre côtés ? »

Ce même souverain, pressé par sa concubine préférée d’appeler son fils à lui succéder sur le trône, lui refuse cette faveur parce que l’héritier présomptif, fils de la première épouse, a déjà un parti trop puissant dans


CLXI-1. Cf. Mémoires historiques, chap. LX. — Voyez dans le chapitre V de cette Introduction la preuve que le chapitre LI est bien dû à Se-ma Ts’ien lui-même et non à Tch’ou Chao-suen.

CLXI-2. Cf. Mémoires historiques, chap. VII, p. 12 v°.

CLXI-3. Mémoires historiques, chap. VIII, p. 14 v°.