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Hiao-hoei ; d’une concubine appelée Ts’i, il avait eu un autre fils qui reçut le titre de roi de Tchao ; Ts’i était sa favorite et c’est pourquoi Kao-tsou aurait désiré que le roi de Tchao fût son héritier ; l’opposition des grands de l’empire l’empêcha de commettre cette infraction aux usages consacrés. A sa mort, Hiao-hoei prit donc le pouvoir sous la tutelle de sa mère, l’impératrice Lu. Celle-ci voulut alors se venger de la concubine Ts’i et de son fils, le roi de Tchao, qui avaient fait naguère trembler son ambition : « L’impératrice, dit Se-ma Ts’ien CLXIV-1, envoya des gens mander le roi de Tchao ; celui-ci se mit en route  ; avant qu’il fût arrivé, l’empereur Hiao-hoei, qui était tendre et bon et qui savait que l’impératrice douairière était irritée, vint à la rencontre du roi au bord de la rivière Pa et entra avec lui dans le palais ; il gardait toujours le roi de Tchao à ses côtés quand il se promenait et quand il restait chez lui, quand il buvait et quand il mangeait. L’impératrice douairière voulait le mettre à mort, mais n’en trouvait pas l’occasion. Le douzième mois de la première année de Hiao-hoei (194 av. J.-C), l’empereur sortit de grand matin pour tirer à l’arc ; le roi de Tchao qui était un enfant n’avait pu se lever d’aussi bonne heure ; l’impératrice douairière, apprenant qu’il était resté seul, envoya des gens lui faire prendre du poison ; au point du jour Hiao-hoei revint, mais le roi de Tchao était déjà mort... Puis l’impératrice douairière coupa les pieds et les mains de la concubine Ts’i , lui arracha les yeux, lui brûla les oreilles et lui donna à boire un breuvage qui rend muet ; elle la fit demeurer dans des latrines et l’appela la femme-porc. Après quelques jours elle manda l’empereur Hiao-hoei pour lui montrer la femme-porc. Hiao-hoei la vit ; sur ses questions, on lui apprit que c’était la concubine Ts’i ; il pleura alors abondamment et tomba malade ; pendant plus d’un an il ne put se lever. »

Dans cette narration les moindres circonstances des événements sont notées ; les diverses attitudes des


CLXIV-1. Mémoires historiques, chap. IX, p. 1 v°.