intervenir ici Tch’ou Chao-suen ? S’il fallait dénier à Se-ma Ts’ien toutes les parties des Mémoires historiques qui sont copiées sur des textes anciens, il resterait peu de chose de son oeuvre ; étant établi qu’il est avant tout un compilateur, quoi d’étonnant s’il emprunte à Siun King la matière d’un de ses chapitres ? — Le traité sur la musique donne lieu à des observations identiques : il se compose d’un début qui est bien de Se-ma Ts’ien, puis d’une longue citation du Yo ki ou Mémoire sur la musique. Or les éditeurs des treize livres canoniques à l’époque K’ien-long font remarquer CCV-1 que le Yo ki, chapitre XVII du Li ki, a été introduit pour la première fois dans ce recueil par Lieou Hiang (86-14 av. J.-C.) ; ils en infèrent que Se-ma Ts’ien, vivant avant Lieou Hiang, ne put connaître le Yo ki ; ce serait donc Tch’ou Chao-suen qui l’aurait extrait du Li ki nouvellement publié par son contemporain Lieou Hiang et l’aurait introduit dans les Mémoires historiques. La conclusion nous paraît dépasser les prémisses : de ce que Lieou Hiang est le premier qui ait rattaché le Yo ki au Li ki, il ne s’ensuit pas qu’il en soit l’auteur ; cet écrit devait exister avant lui et avant Se-ma Ts’ien ; pourquoi ce dernier n’aurait-il pas eu entre les mains un original aujourd’hui perdu, qui, plus tard, servit aussi à Lieou Hiang ? — Le cinquième des dix chapitres est appelé traité de la guerre par Tchang Yen et traité des tubes musicaux par P’ei Yn. Se-ma Tcheng concilie ces deux commentateurs par l’explication suivante : le traité de la guerre étant perdu, Tch’ou Chao-suen le remplaça par une partie du traité suivant, qui, comme le chapitre qui lui correspond dans le Ts’ien
collections des auteurs non canoniques ; le li luen en forme le XIIIe chapitre.—
Siun K’ing 荀卿 est appelé Suen K’ing 孫卿 dans le Ts’ien Han chou. Se-ma Tchen et Yen Che-kou disent que ce changement fut introduit pour éviter le nom personnel de l’empereur Siuen 宣 qui était 詢 .
CCV-1. Li ki, chap. L, p. 2.