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serpent et une tête d’homme. Il eut une vertu divine et sainte. Il eut le pouvoir à la place de Fou-hi. Il prit l’appellation de Niu-hi. Il ne changea ni n’inventa rien ; il fit seulement les tuyaux de l’instrument de musique appelé cheng 10-1. Le Livre des Changements ne parle donc pas de lui. Il ne cadre pas avec le cycle quinaire 10-2.

Une autre tradition dit que Niu-koa régna aussi par la vertu du bois ; il était en effet le descendant de Fou-hi et, comme plusieurs générations s’étaient écoulées entre eux deux, le métal, puis le bois avaient réapparu à leur tour; le cycle était terminé et recommençait de nouveau. Cette tradition loue spécialement Niu-koa à cause de ses grands mérites et le met au rang des trois souverains ; il y aurait donc eu deux rois qui possédèrent la vertu du bois 10-3.


dans la composition du nom de Niu-koa, ne saurait être une preuve que ce personnage ait été une femme.

10-1. Le Li ki, au chapitre Ming t’ang wei, parle du cheng 笙 et en attribue aussi l’invention à Niu-koa, On peut voir le dessin de cet instrument de musique dans Legge, Sacred Books of the East, vol. XXVIII, p. 37. Le Cheng se composait d’une calebasse au milieu de laquelle étaient fixés verticalement dix-neuf ou treize tuyaux appelés hoang 簧 ; un autre tube latéral servait d’embouchure au musicien qui produisait les sons en aspirant l’air et en bouchant avec les doigts tels ou tels des trous pratiqués sur les tuyaux verticaux. Voyez sur ce sujet une étude de M. Warrington Eastlake (The Chinese reed organ, dans China Review, vol. XI, p. 33-41).

10-2. Les bas-reliefs de l’époque des Han, qu’on a découverts dans le Chan-tong, représentent Fou-hi et Niu-koa entrelaçant leurs queues dé serpent et formant un groupe indivisible. D’après la théorie que supposent ces bas-reliefs, Niu-koa et Fou-hi réunis ne forment qu’un seul des trois souverains ; en effet, comme le dit Se-ma Tcheng lui-même, à la fin de ce paragraphe, Niu-koa ne trouve pas place dans le cycle quinaire, c’est-à-dire dans la succession des cinq éléments, car Niu-koa, comme Fou-hi, régna par la vertu du bois. Il est vrai qu’au paragraphe suivant, Se-ma Tcheng cite une autre théorie d’après laquelle un cycle entier se serait écoulé entre Fou-hi et Niu-koa en sorte que, tout en ayant régné par la vertu du même élément, le bois, Fou-hi et Niu-koa n’en formeraient pas moins deux souverains distincts.

10-3. On trouve, chez les auteurs qui n’ont pas admis Hoang-ti au