peut le rejeter eu bloc ; c’est pourquoi je mentionne cette tradition à la suite de la précédente.
Lorsque le ciel et la terre furent constitués pour la première fois, il y eut les souverains du ciel qui comptèrent douze représentants 18-1. Calmes et immuables, ils ne se livraient à aucune action et les moeurs se perfectionnaient d’elles-mêmes. Ils régnaient par la vertu du bois. Le calcul des années se faisait au moyen de la constellation Ché-t’i 18-2. Ils étaient douze frères qui régnèrent chacun dix-huit mille années.
Les souverains de la terre comptèrent onze représentants. Ils régnèrent par la vertu du feu. Ils furent onze membres de la même famille. Ils furent florissants auprès des montagnes Hiong-eul 18-3 et Long-men. Chacun d’eux aussi régna dix-huit mille années.
18-1. Le T’ong kien kang mou, et, d’une manière générale, toutes les histoires de date récente comptent 13 souverains du ciel et non 12. Cette variante est très importante ; en effet, si l’on suppose 13 souverains du ciel ayant régné chacun 18,000 années, le total de leurs années sera 18,000 X 13 = 234,000. D’autre parties souverains de la terre sont au nombre de 11 qui ont régné chacun 18,000 années ; le total est pour eux de 18,000 x 11 = 198,000 années. Si nous additionnons les règnes des souverains de la terre à ceux des souverains du ciel, nous obtenons un total de 234,000 + 198,000 = 432,000 années. Ce nombre est exactement celui qui représente la durée des dix dynasties babyloniennes antérieures au déluge, d’après Bérose ; c’est aussi celui qui exprime la longueur de la période Kali-youga en Inde (Fergusson, Chinese Chronology and Cycles, p. 139 ; T. P, Crawford, The ancient dynasties of Berosus and China compared with those of Genesis, Chinese Recorder, t. XI, p. 411-429 ; t. XII, p. 77-86 et 193-201). Ce rapprochement est intéressant ; à supposer qu’il ne soit pas fortuit et que le chiffre de 12 souverains donné par Se-ma Tcheng soit une erreur, il prouvera simplement ceci : c’est qu’au VIIIe siècle de notre ère, à la suite de ses fréquentes relations avec les pays d’Occident et l’Inde, la Chine connut quelques-unes de leurs fables et modela son histoire légendaire d’après la leur.
18-2. La constellation Ché-t’i est formée de deux astérismes composés l’un des étoiles y), T, U, du Bouvier, l’autre des étoiles %, n, Ç, de la même constellation. Sur le rôle joué par la constellation Ché-t’i dans les anciens calculs du calendrier, cf. Le calendrier des Yn dans le Journal asiatique de novembre-décembre 1890, p. 463-510.
18-3. La montagne Hiong-eul, « oreilles d’ours », est située dans la