Page:Sima qian chavannes memoires historiques v1.djvu/297

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appela nuées ses officiers[1]. Il institua les grands surintendants de gauche et de droite pour surveiller les dix mille tribus. Les dix mille tribus vécurent en paix. Puis les (sacrifices aux) génies et aux dieux, aux montagnes et aux fleuves, et les cérémonies fong et chan furent multipliés par lui. Il entra en possession du trépied précieux ; il compta d’avance les jours en faisant des supputations au moyen de l’achillée[2].

Il leva en dignité Fong-heou, Li-mou, Tch’ang-sien et Ta hong et les chargea de gouverner le peuple[3].

  1. Cf. n. 00.118.
  2. L’achillée est la plante dont les tiges servent à la divination. Il est assez difficile de voir quelle relation il y avait entre le trépied et l’achillée qui sont toujours mentionnés simultanément dans les légendes de Hoang-ti. Sur les travaux attribués à Hoang-ti relativement au calendrier, voyez dans le Traité sur les cérémonies fong et chan, les discours tenus par Kong-suen King à l’empereur Ou (cf. ma première trad. de ce traité, p. 66). — Une tradition rapportée par le Che pen dit : « Hoang-ti, ayant reçu l’achillée magique, ordonna à Ta-nao de faire le cycle sexagénaire, et à Jong-tch’eng à de dresser le calendrier.
  3. Les noms de Fong-heou et de Li-mou ont donné lieu à une légende que Hoang-fou Mi rapporte dans son Ti wang che ki : Hoang-ti aurait vu en rêve un grand vent qui balayait toute la poussière, puis un homme qui tenait un arc énorme et gardait des brebis ; il en conclut que le ciel lui désignait ainsi les noms de ceux qu’il devait prendre pour conseillers ; en effet vent se dit fong — et poussière se dit keou ; en retranchant de ce dernier caractère la clef qui se trouve à gauche, on obtient exactement le nom de Fong-heou ; d’autre part, l’arc énorme suggère l’idée de force, li, et le fait de garder les moutons suggère l’idée de berger, mou ; on obtient ainsi le nom de Li-mou. Hoang-ti n’eut pas de cesse qu’il n’eût trouvé deux hommes répondant à ces noms. — Nous ne savons rien sur Tch’ang-sien ; quant à Ta-hong, le Traité sur les cérémonies fong et chan nous apprend que c’était le surnom d’un certain Koei-yu-kiu (cf. ma première trad. de ce traité, p. 68). S’il fallait indiquer l’origine de ces légendes, nous ferions volontiers l’hypothèse qu’elles ont dû naître du désir d’expliquer les titres de certains ouvrages d’une haute antiquité que la croyance populaire rat tachait au cycle littéraire de Hoang-ti. Ainsi, dans le XXXe chapitre du livre des Han antérieurs, nous voyons cités les treize chapitres du Fong heou, les quinze chapitres du Li mou, les trois chapitres du Koei yu kiu. Le sens de ces titres étant perdu, on imagina d’y voir des noms propres et, pour rendre compte du rapport qui existait entre ces livres et Hoang-ti, on crut que ces noms propres désignaient des officiers de ce souverain