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Barkoul ; l’empereur ordonna à un autre capitaine, nommé Li Ling, de commander l’arrière-garde et de veiller aux approvisionnements du gros de l’armée. Li Ling était le petit-fils d’un guerrier célèbre, Li Koang : il était lui-même avide de gloire et demanda la permission de ne point suivre le général en chef mais de tenter une diversion en attaquant les Hiong-nou sur un autre point. L’empereur ne fut d’abord pas très satisfait de cette requête où il crut démêler le désir qu’avait cet officier de ne pas être dans une situation dépendante ; cédant cependant à ses instances, il l’autorisa à mettre ses plans à exécution. Li Ling, à la tête de cinq mille fantassins, sortit du territoire chinois par Kiu-yen, poste avancé qui devait se trouver sur les bords du lac Sogok, au nord du confluent de la rivière Tao-lai avec l’Etsina XXXVII-1, à une grande distance de la ville de Sou-tcheou, du Kan-sou. A partir de Kiu-yen, Li Ling marcha vers le nord pendant trente jours et arriva à la montagne Siun-ki ; peut-être cette hauteur doit-elle être identifiée avec la montagne Ma-tsong, au sud-est de Hami, car on a découvert là dans une niche taillée dans le roc une inscription que fit graver Li Ling XXXVII-2. Ce fut à cet endroit qu’il se heurta aux Hiong-nou ; il commença par remporter un léger avantage, mais les archers nomades accoururent de toutes parts comme des oiseaux de proie et les cinq mille Chinois se trouvèrent entourés par quatre-vingt mille ennemis ; ils opérèrent leur retraite en toute hâte ; Li Ling fit décapiter toutes les ribaudes que ses soldats tenaient cachées dans les chars et qui retardaient sa marche ; il se rapprochait de plus en plus de la Grande Muraille, mais il perdait beaucoup de monde et allait être à court de flèches ; pour dernière infortune, un de ses officiers lui fit défection et alla révéler aux Hiong-nou la situation désespérée des fugitifs à qui l’empereur


XXXVII-&. Si yu choei tao ki, publié en 1823, par Siu Song, chap. in, p. 1 v°.

XXXVII-2. Cette inscription est mentionnée dans le récit du voyage de Wang Yen-té de 981-983 (Stanislas Julien, Mélanges de géographie asiatique..., p. 90) et dans la grande géographie des Ming, au chapitre LXXXIX (Bretschneider, Mediaeval Researches, t. II, p. 178).