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Page:Sima qian chavannes memoires historiques v1.djvu/527

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(les juges) règlent le cas au moyen des cinq châtiments. Si les cinq châtiments ne sont pas véritablement (mérités[1], ils règlent le cas au moyen des cinq amendes. Si les cinq amendes ne conviennent pas, ils règlent le cas en le faisant rentrer dans les cinq erreurs[2]. Il est mal d’invoquer les cinq erreurs soit parce que la cause implique des fonctionnaires, soit parce que la cause implique des femmes[3] ; recherchez en toute sincérité quelle est la faute et ne la faites rentrer dans les erreurs qu’à juste titre[4]. Lorsqu’il est douteux que les cinq châtiments (soient mérités), il faut en faire grâce ; lorsqu’il est douteux que les cinq amendes (soient méritées), il faut en faire grâce. Que l’examen du cas soit décisif ! Même quand plusieurs points sont certains et évidents, cependant il faut que le juge instructeur fasse son examen ; lorsque (le juge) est convaincu sans que la certitude soit établie[5], il a toujours à craindre la rigueur du Ciel.

  1. C’est-à-dire s’il y a des circonstances atténuantes.
  2. C’est-à-dire dans les fautes commises par inadvertance, sans mauvaise intention.
  3. En d’autres termes, il est mal, de la part du juge, de se laisser entraîner dans certains cas par des considérations d’intérêt personnel et de déclarer faute par inadvertance ce qui en réalité est crime et mérite châtiment. — Le Che ki loen wen donne la leçon nei yu qui est d’accord avec le texte du Chou king et que j’ai adoptée ; l’édition de K’ien-long donne la leçon k’ieou yu = la cause impliquant des prisonniers ; cette leçon ne me paraît pas conciliable avec la suite des idées.
  4. Ce texte est assez différent de celui du Chou king et demande une autre traduction que celle qui est indiquée par les commentateurs du livre classique.
  5. La leçon de Se-ma Ts’ien est [], mot à mot : sans certitude pas de doute ; c’est-à-dire si le juge n’a pas de doute, quoiqu’en réalité il ne soit pas certain... — La leçon du Chou king, qui est aussi celle du Li ki, dans le chapitre Wang tche, est [], c’est-à-dire : si la certitude n’est pas établie, on ne décide pas la cause. — Dans le texte de Se-ma Ts’ien, l’idée me paraît être celle-ci : si les magistrats ne doivent pas faire abus de l’indulgence, ils ne doivent cependant appliquer les châtiments qu’avec la plus grande circonspection ; s’ils se persuadent sans examen suffisant de la culpabilité d’un accusé, ils seront punis par le Ciel.